« Je pensais connaître le portrait de [Rimbaud]. […] Un jour, je fus détrompé. De façon radicale et bouleversante. […] Je me souviens de ma sidération […] lorsque je me trouvai pour la première fois face à l’épreuve originale […]. L’épreuve au collodion humide, de forme ovale […] n’avait rien à voir, si ce n’est le contour des formes, avec les reproductions que je connaissais. […] J’ai rarement éprouvé aussi fortement le sentiment de la photographie, à l’état pur, et constaté comment, de contretype en contretype, elle se dégrade, se durcit, s’éloigne de ce qu’elle a d’argentique pour glisser vers le monde indifférencié des images. Il s’agit là, peut-être, de la première photographie qui soit devenue simplement une image, perdant son identité liée aux sels d’argent, pour se transformer en une icône qui n’est pas vraiment différente de la transcription du portrait du Che par Korda sur des tee-shirts.
C’est certainement ce jour-là que j’ai su que je ne confondrais plus jamais une photographie et une image. Et que j’ai appris à aimer, plus que tout, la subtilité, l’unicité souvent indescriptibles d’un tirage photographique original. »
Christian Caujolle sur la photographie de Rimbaud par Carjat, dans Circonstances particulières 2, Souvenirs, 2007.
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